mardi 11 novembre 2008

Sally Messio à bediong : «La Crtv manque de programmes locaux»


Profitant des assises du Séminaire de formation du Cirtef à Yaoundé, la directrice des Programmes de la Crtv a bien voulu nous expliquer la politique des contenus de la chaîne publique camerounaise.

Quels sont les contenus proposés aujourd’hui par les médias publics des pays africains francophones pour faire face à la concurrence du privé?

Je tiens à préciser que les médias publics ont une obligation à la fois face au gouvernement et face au public. Il faut accompagner l’action du gouvernement en présentant ses actions et ses projets.Le peuple a d’ailleurs besoin de savoir ce que font les dirigeants du pays. Parallèlement, les médias publics doivent donner une information de proximité en permettant aux citoyens de se voir et de s’entendre sur le média pour lequel ils paient une redevance. Enfin, il faut proposer du divertissement. Parlant de concurrence, l’offre des chaînes privées est loin de remplir toutes ces obligations.

Et comment la Crtv résiste-t-elle à la concurrence du privé?

La Crtv s’applique à assurer simplement ses missions en tant que média public. Il y a des programmes d’information comme les journaux. Nous organisons des émissions participatives faites par et pour les citoyens. Ils sont invités pour exprimer leur intelligence. Certes la Crtv ne le fait pas toujours avec bonheur, mais nous travaillons comme nous pouvons, avec les moyens de bord.

Qu’est-ce qui empêche justement la Crtv de remplir avec bonheur ses missions?

La Crtv est un bel immeuble qui cache des problèmes cruciaux. Le matériel est aujourd’hui complètement désuet. Contrairement à nous, les chaînes de télévision privées utilisent un matériel numérique. A la Crtv, il s’est instauré un comportement de fonctionnaire qui ne facilite pas la créativité. Les employés n’ont aucune obligation de résultat. En un mois, je peux rédiger un article ou rien du tout, mais percevoir mon salaire. Conséquence, seule une poignée de personnes travaille.

La Crtv manque de programmes locaux qui se situent aujourd’hui à 50% du contenu global, au lieu de 70% comme le prescrit la réglementation. Nous ne pouvons pas produire à la fois des programmes de flux et ceux de stock. Il faut au Cameroun, comme au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Burkina Faso, des réalisateurs professionnels indépendants qui nous proposent des produits de qualité.

Est-ce à dire que la Crtv, pour remplir son antenne, diffuse tout ce que lui propose Canal France international (Cfi)?

Non, Cfi envoie à la Crtv 20 heures de programmes par jour. Ils sont de deux types : les programmes fabriqués par d’autres chaînes africaines francophones et ceux en langue française venus du monde entier. Nous sélectionnons les émissions qui peuvent intéresser le public camerounais : des documentaires, des dessins animés, des séries et des feuilletons. Cela permet d’avoir des émissions à moindre coût, car la Crtv manque de moyens financiers.

Écrit par Assongmo Necdem

http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=1262&Itemid=62

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