mardi 25 novembre 2008

Michel Tjade Eone : Il n'y a aucun média indépendant

Enseignant à l'Esstic, il explique les pressions que subissent les médias d'Etat.
Propos recueillis par F. B. B. Que doit faire un média de service public telle que la Crtv pour être totalement indépendant du pouvoir?
Aucun média ne peut être indépendant. Et aucun média n'est indépendant. L'indépendance devrait se définir par rapport aux sources d'influences jamais très éloignées des journalistes et des médias. Ces sources d'influence sont centrifuges et centripètes. Autrement dit, elles subissent des influences qui viennent autant de l'extérieur que de l'intérieur. Les médias appartiennent à ceux qui les financent. Voilà la première source d'influence parce que celui qui finance a logiquement un droit de regard aussi bien sur le contenu que le contenant. Il faut en tout cas tenir compte des statuts des médias.

Lesquels ?
On peut grossièrement classer les médias en deux statuts : les médias de droit public et les médias de droit privé. Cette première catégorie établit un lien de subordination entre l'Etat qui est le principal financier des médias de droit public qu'il finance. Ce lien de subordination ouvre naturellement la porte à un droit de regard de l'Etat sur les médias dont il contribue au financement. Je précise cependant, ayant établi le lien de subordination entre l'Etat et les médias qu'il finance, que l'Etat c'est trois choses. Une population, une superficie et un gouvernement. Autrement dit, l'Etat représente tous les citoyens. Ainsi définis, les médias d'Etat doivent refléter la société globale dans les différentes composantes.

Comment allier dans un tel contexte dépendance et performance ?
Il faut tenir compte du contexte du pluralisme, donc de concurrence. Les médias d'Etat font face à un défi redoutable qui est celui du pluralisme de la concurrence. Les médias d'Etat, comme les autres, doivent être très attentifs. Ils doivent connaître les attentes et les besoins de leur public cible. Ils doivent, par ailleurs, respecter les règles déontologiques et d'éthique du journalisme. Ils devraient ouvrir leurs antennes aussi bien au message qui vient de l'Etat et de ceux qui l'incarnent, que des citoyens ainsi que des différentes composantes de la société, encore une fois. Ils doivent écouter les aspirations des populations et veiller à ce que leur offre de programmes corresponde à une demande sociale connue.

Propos recueillis par F. B. B.

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227612481.php

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