mardi 11 mai 2010

Mgr Joseph Befe Ateba* : Contribution de la presse dans la décolonisation au Cameroun sous-tutelle


Célébrer le cinquantenaire de notre indépendance est initiative obvie et heureuse. Car, depuis cinquante ans, il nous est arrivé à nous aussi d’être un pays de la communauté internationale. La fierté que l’on ressent alors renforce
en chacun la conscience de son identité et le devoir de participer à la construction d’une entité si belle et si merveilleuse : le Cameroun que le Saint Père a appelé « terre de promesses ».

Il m’a été demandé de parler du rôle de la presse pendant la période coloniale où le Cameroun était sous tutelle. Ce sujet revient, pour moi, à montrer que la presse a apporté, elle aussi, sa contribution à l’acquisition de l’indépendance dont nous jouissons depuis cinquante ans. Pour le montrer, permettez-moi d’abord de situer l’époque et le contexte sociopolitique. Avant cela, je voudrais refroidir tous ceux qui sont venus ici dans l’espoir d’entendre du neuf, d’en apprendre de moi. Il m’a été difficile de traiter ce sujet, et j’ai dû m’y mettre pour ne pas m’attirer les foudres de mon père qui, hier encore, me demandait avec une paternelle insistance de donner cet exposé. J’ai dû me contenter d’un désert documentaire et de quelques connaissances générales vite épuisées dans un sujet d’une envergure heuristique comme celui-ci. En outre, cet exposé porte en lui-même ses propres limites : la presse dont je parlerai ne regarde que la presse écrite. En outre, je m’excuse d’avance de ne traiter que de la presse au Cameroun oriental, donc francophone.

Le Cameroun sous-tutelle
Le terme « sous tutelle », à mon sens, renvoie clairement au 21 mai 1921 date où, après le Traité de Versailles dans lequel l’Allemagne s’est vu retirer ses colonies qui furent confiées à la Société des Nations (SDN). Mais, pour le sujet qui nous concerne, la période de bouillonnement politique véritable caractérisée par les luttes d’indépendance résultant de la prise de conscience politique des acteurs camerounais et la revendication claire de l’indépendance du Cameroun commence en 1948 -au lendemain d’une autre guerre mondiale et de la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU)-, plus précisément le 10 avril 1948, date de la création de l’UPC (Union des Populations du Cameroun). Cette branche camerounaise du RDA (Rassemblement démocratique africain) est un mouvement nationaliste pacifique au départ dont le programme politique a comme objectif principal l’indépendance du Cameroun. Pour cette formation politique, cette indépendance doit être immédiate. Elle inscrit aussi dans son programme la réunification des deux Cameroun. Ces objectifs transparaissent dans la popularisation de son programme sous la forme de ce slogan : « Réunification des deux Cameroun et indépendance immédiate ! »
Il faut noter en marge de notre thème que l’UPC, dès sa naissance, fait déjà montre d’un nationalisme lucide et complet, c'est-à-dire qui n’envisage pas la problématique camerounaise sous un seul angle comme pour ainsi dire « monophysite ». Mais elle élargit ses vues jusqu’à embrasser les deux Cameroun, anglophone et francophone.

La problématique politique du Cameroun est alors manichéenne : ceux qui souhaitent l’indépendance du Cameroun et ceux qui ne la souhaitent ou du moins veulent la différer. L’UPC s’inscrit dans l’histoire comme une force politique qui commence à agiter la revendication de l’indépendance du Cameroun sans ambages et entreprend d’amener le peuple à l’accepter à travers une propagande de conscientisation du peuple. Comme l’écrit Jean Paul Bayémi, 1955 « sera incontestablement l’année charnière de l’histoire du Cameroun » . p. 7.

Presse et politique
Dans ce contexte politique, la presse jouera son rôle de terrain d’expression et d’affrontement politique et reflètera les options ambiantes. Il y aura donc une presse nationaliste de tendance anti colonialiste et une presse opposée. 1955, pourquoi ? Parce que c’est l’année de la dissolution et du passage dans la clandestinité de l’UPC, une éclipse qui créa ce qu’on peut appeler un vide politique dans la mesure où cette formation était la principale force politique formellement regroupée, elle jouissait déjà d’une large assise sociale et d’une certaine adhésion auprès des populations. Même si elle ne faisait pas l’unanimité à cause de ses choix idéologiques, son idéal d’émancipation séduisait. Elle avait ses organes de presse : La voix du peuple du Cameroun, l’Etoile, Lumière, La Vérité… Cette floraison de titres upécistes démontre à souhait que ce mouvement politique entretenait déjà un lien phatique intense avec ses membres et ses sympathisants : il employait les médias pour disséminer ses idées politiques, informer et lutter. Comme on le sait très bien, la presse joue un très grand rôle dans la propagande politique et la formation de l’opinion.

Dans ce bouillonnement politique des années 1955, l’Eglise, sans avoir un rôle politique direct, participait néanmoins aux débats. Elle était intéressée par ces débats d’autant plus que toute la hiérarchie catholique était composée de ressortissants étrangers. Sans doute, avait-elle déjà fondé quelques titres au Cameroun comme Nleb Bekristen, La voix des Jeunes, de création récente, Belle Jeunesse, Au large (ces trois publications étaient liées aux mouvements d’action catholique), et Le Cameroun catholique, en plein essoufflement à cette époque, l’Eglise, disais-je, sentait le besoin d’exprimer ses idées à cette époque charnière où elle était consciente que l’histoire du Cameroun prenait un tournant décisif. Fallait-il créer un parti politique ? Le droit l’interdisant, l’option de la presse fut prise grâce aux conseils du Révérend Père Soras, S.J., qui, de passage au Cameroun et nourri de l’expérience Malgache de 1947, conseilla aux Evêques de lancer un journal. Ce n’est peut être pas inutile de rappeler que la même année, le 14 septembre 1955 plus précisément, des signes furent donnés par Rome qui pourraient être interprétés comme une prise de position diplomatique mais claire en faveur de l’émancipation du peuple Camerounais. Il s’agit de la création de trois diocèses : Douala, Doumé et Yaoundé. Deux mois plus tard, le 30 novembre 1955, Rome nommait pour la première fois un africain francophone Evêque, Mgr Paul Etoga…

Revenons à la presse. Le contexte politique effervescent des années 1955 était déjà marqué par le pluralisme de la presse, voire par ce que Daniel Anicet Noah appelle le babélisme. La plupart des opinions politiques de cette époque avaient, pour ainsi dire, le réflexe de se doter d’organes d’expression. C’est ainsi qu’on peut citer : Le Cameroun libre, animé par des Français libres du Cameroun et dont les articles ridiculisaient et infantilisaient les prétentions des revendications nationalistes. Ces Français libres trouvaient absurde l’option de l’indépendance et fondaient en général leur argumentaire sur l’immaturité des acteurs politiques camerounais et la précocité d’une telle issue. On trouvait aussi proche de cette même option La presse du Cameroun dont l’éditeur s’appelait Coulouma à qui nous devons une des grandes et fameuses imprimeries de Yaoundé d’une certaine époque.

Entre les nationalistes purs et durs et les anti nationalistes purs et durs est apparue une presse modérée qui reflétait les positions de ses animateurs. On peut retenir dans ce cadre le titre L’Action nationale, mouvement du même nom créé par Paul Soppo Priso.
L’exploration historique de cette période nous renseigne que le pluralisme médiatique n’est pas une nouveauté au Cameroun. Il est ancien et a toujours existé au Cameroun. Pendant l’époque coloniale, notamment dans la période de 1955 à 1960, la presse a participé à la revendication de l’indépendance et a servi à répandre les idées des nationalistes, en l’occurrence. Elle a soutenu leur lutte politique. Le combat politique était aussi la guerre politique ; les acteurs politiques de cette époque ont transporté dans les médias leur combat et s’affrontaient, outre les autres arènes, là aussi. Les politiciens ont compris très vite que le combat, la campagne politiques ne se mènent pas sans la presse.

Il convient peut être de citer un titre paraissant en langue vernaculaire (comme on disait à l’époque), mais qui est déjà symptomatique. Il s’agit de Abolegé qui, en Ewondo signifie, que ça saute ! Au plus fort des batailles et des joutes de la revendication indépendantiste et des revendications d’une identité nègre et camerounaise, il a servi d’organe d’expression. Ce fut notamment le cas lors des péripéties opposant Mgr Grafin à ses ouailles.

A l’approche de 1960
Au fur et à mesure que l’on se rapprochait de 1960, pendant que les politiciens en vue de cette époque et la France s’affrontaient, que l’Organisation des Nations Unies coordonnait le débat politique dans ce territoire sous-tutelle, la presse résonnait également des combats, des espoirs et des développements de l’actualité. L’UPC forcée à la clandestinité céda la scène publique aux formations comme l’UC (l’Union camerounaise) d’Ahmadou Ahidjo, le PDC (le Parti des Démocrates) d’André-Marie Mbida dont chacun avait un journal où exprimer ses idées et son programme politiques. La propagande politique était alors à la mode et relevait d’une méthodologie politique répandue. Ce choc dans la presse a donné assez la température des enjeux politiques pour arriver au 1er janvier 1960.

En conclusion, nous avons voulu montrer que si le Cameroun est indépendant aujourd’hui, la presse a joué un rôle important. Elle a participé et a accompagné le mouvement de décolonisation. De 1955 à 1960, la presse a été une des arènes où se sont affrontées les forces sociopolitiques au Cameroun. Elle reflétait toutes les tendances socio politiques de cette époque, mais, la victoire du nationalisme camerounais, l’expression courageuse de ses opinions, la diffusion de ses idées et de son programme ont été assurées par la presse aussi.

Je vous remercie.

jeudi 5 février 2009

Conseil camerounais des médias : L’assemblée générale c’est pour bientôt



Écrit par Hervé Villard Njiélé (Stagiaire) Lundi, 02 Février 2009 07:57

En visite à la rédaction de La Nouvelle Expression mercredi à Douala, Anne Nsang Nkwain, présidente de l’assemblée générale du conseil a parlé de la tenu dans un futur proche de l’assemblé générale de ce conseil.
Il est 14 heures 30, quand Anne Nsang Nkwain foule le seuil de la rédaction de La Nouvelle Expression à Douala. Accompagnée de Pius Njawé, le directeur de publication du quotidien Le Messager qui lui servait de guide, elle sera reçue en héroïne dans une rédaction à moitié vide, la majorité des journalistes étant en reportage. La joie au cœur parce que découvrant pour la première fois cette rédaction, elle découvrira également avec l’aide de David Nouwou le chef desk de Douala, le visage de ces journalistes dont-on connaît les noms, les plumes et non les visages. Après ce bref moment de prise de contact convivial, Anne Nsang Nkwain va préciser l’objet de sa visite. En effet, bien qu’étant à Douala pour une conférence, elle a tenu à visiter les rédactions de la ville. Ceci pour goutter l’ambiance qui y règne et surtout discuter avec les journalistes au sujet du conseil camerounais des médias, cet organe de régulation de la presse qui bat de l’aile depuis sa création.
Durant le bref exposé qu’elle fera au sujet de cet organe, on retiendra que l’assemblée générale du Ccm prévu le 25 octobre 2008 n’a pas eu lieu parce qu’il y avait certaines irrégularités dans les documents de base. Ayant constaté ces irrégularités au mois août 2008 il n’était que logique d’améliorer ces textes de bases en tenant compte de l’environnement médiatique camerounais. Une tâche à laquelle elle et son groupe s’attellent depuis un certain temps.

Pour la réussite de cette action à laquelle elle croit fermement, elle précise que “ les acteurs sont choisis dans les différents maillons de la chaîne afin que tous soient concernés ”. Après ce travail qui va bientôt s’achever, l’assemblée générale sera ensuite convoquée. Quant à la constitution des membres de l’assemblée, elle a précisé que tout le monde doit participer. Elle a également précisé que les médias camerounais ne bénéficient pas de certaines aides étrangères parce que des organes tels le Ccm sont absents. C’est convaincu du fait que le Ccm pourra, dès sa mise effective sur pied être “ un tribunal d’honneur pour les médias au Cameroun”.

http://lanouvelleexpression.info/index.php?option=com_content&view=article&id=3483:conseil-camerounais-des-medias--lassemblee-generale-cest-pour-bientot&catid=45:actualite&Itemid=64

mardi 20 janvier 2009

Publication : Un nouveau gratuit en kiosque

Le premier numéro de cet autre projet fait la part belle à "Promote 2008" et à Sissy Dipoko.

C'est pour "mettre en relief les évolutions sociales, culturelles et économiques de notre pays et d'ailleurs" que ce nouveau projet de magazine gratuit a vu le jour il y a peu. C'est du moins ce que précise l'éditorial de celui qui semble le porter en page cinq. Plus loin et à la faveur d'une auto-réclame, on apprend qu'il sera question dans ce projet de "détente, informations, publi-reportages, annonces". Le tout mâtiné de publicités comme le laissent les pages suivantes.
Dans la publication, une large place est cependant donnée à "Promote 2008", événement qui a visiblement contribué à lancer le projet. On y revoit ainsi certains des stands qui ont accueilli les visiteurs sur les hauteurs du Palais des congrès en décembre dernier. Avec en prime trois "Entretien avec …" des entreprises Cam Track, Mtn et Sosucam. Des images qui rappellent cet événement qui a fait courir plus d'un Yaoundéen en décembre dernier.

Mais comme souvent, le meilleur se trouve vers la fin. Où trois pleines pages sont consacrées à la cover de l'édition Sissy Dipoko. Saisissant l'occasion du passage de l'ancienne choriste de Manu Dibango dans la capitale camerounaise, une galerie de photographies est servie au lecteur. Qui y découvre que l'artiste n'a rien perdu de son charme et même de sa superbe malgré le poids des ans ; qu'elle avait alors effectué le déplacement de Yaoundé avec quelques membres de sa famille ; et surtout qu'elle était là pour la dédicace de son nouvel album dont le nom n'est même pas signalé au passage.
Du coup le lecteur ouvre les yeux pour s'apercevoir que l'ensemble souffre quelque peu d'un manque de relecture comme l'atteste par exemple cet orthographe de Melvin Akam de Mtn qui a pourtant servi de longues années durant comme journaliste de haut vol au Messager.

Pour le reste, les 32 pages sont aérées, illustrées, mais souffrent du manque d'articles dans la langue de Shakespeare comme le laissait présager au lecteur la page six consacrée au nouveau président américain Obama. Aussi, le publi-reportage sur les Douanes aurait pu être mieux écrit, ce qui aurait facilité la lecture. Mais cela ne semble visiblement pas être la préoccupation des promoteurs qui ont les yeux braqués ailleurs que dans les articles de magazine. Enfin, il est à souhaiter que la deuxième édition voie le jour en février prochain. Ce qui est loin d'être une sinécure lorsqu'on connaît la durée de vie moyenne de nombre publications antérieures du même type. Surtout qu'il est question ici d'une publication en quadrichromie sur l'ensemble des pages.

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232423702.php

Publicité : Eternelles affiches et banderoles

Ces supports sont de plus en plus abandonnés dans les rues à Yaoundé, plusieurs mois après les évènements qu'ils annoncent.

Installée en face du Cetic de Ngoa-Ekellé sur un panneau, l'affiche publicitaire sur la campagne de la boisson Malta Quench attire immanquablement les regards. En lisant le message qui l'accompagne, "Spécial prix anniversaire conseillé : 250 Fcfa", le visiteur non averti ou qui débarque pour la première fois dans la ville de Yaoundé, peut penser que cette affiche date d'hier. Tant elle semble avoir été épargnée par les intempéries. Et pourtant ! Malgré son aspect bien conservé, cette affiche date d'il y a près de…cinq mois ! Ce n'est pourtant pas la seule du genre. En sillonnant les rues de la capitale, il n'est pas rare de voir, outre des affiches, des banderoles posées sur des mâts, des candélabres ou des poteaux électriques, annonçant des événements ayant déjà eu lieu. Même les affichettes collées n'échappent pas à cette réalité.

En guise d'illustrations : Au lieu dit Poste centrale, sur la route menant à la boulangerie Acropole, on peut y voir une affiche annonçant le Ngondo, la fête culturelle du peuple Sawa. Manifestation dont les activités se sont achevées le 7 décembre dernier. Il suffit juste de lever la tête pour voir des banderoles devenues caduques, que ce soit au rond-point Premier ministère ou à l'entrée du palais de l'Unité, ainsi que des affichettes sur des abris-bus annonçant encore la tenue du Festi-Bikutsi, près de deux mois après. Autant de moyens de communication qui enlaidissent la ville, en créant une sorte de "pollution visuelle". Au vu de cette situation, une question revient sans cesse aux lèvres : pourquoi ces affiches et banderoles sont-elles abandonnées dans la ville, post-événement ? Si la loi N°2006/018 du 29 décembre 2006 régissant la publicité au Cameroun (cette loi est venue abroger celle N° 88/016 du 16 décembre 1988), est muette en terme de délai d'affichage, quelques régisseurs avancent plusieurs raisons pour justifier cet état des choses.

"Je pense que c'est la paresse qui explique cela. Lorsque le support n'est pas sollicité, le régisseur ne voit pas la raison d'enlever l'affiche ou la banderole", croit savoir le directeur de Publi-service, Paul Mefire. Surtout que, dit-il, "enlever ces affiches et banderoles nécessite des coûts et une logistique qu'on n'a pas souvent". Pour le directeur d'Optic Média, la raison est ailleurs. En effet, M. Mianbo croit voir dans cette situation, "un oubli" de la part des régisseurs. Pour ce dernier, bien que la réglementation ne prévoit aucune disposition quand à la périodicité dans l'affichage publicitaire, "la norme veut que les affiches soient enlevées 24h ou 48h après l'événement. Dans le pire des cas, on les enlève une semaine plus tard", assure M. Mianbo tandis que "les banderoles doivent être enlevées le lendemain de l'événement".

Mesures alternatives
Ce qui semble ne pas être le cas, au regard des affiches et banderoles défraîchies ou jaunies qui salissent la ville. A qui la faute donc ? Aux régisseurs qui sont chargés de poser et d'enlever ces médias. Avouant volontiers s'être déjà retrouvé dans cette situation, Paul Mefire indexe toutefois "les régisseurs clandestins" qui y ont leur part de responsabilité. "Il y a des sérigraphes qui posent des banderoles, certains agents de régie qui les posent sans passer par leur entreprise", se défend le directeur de Publi-service. Pour Patrice Mbianda cependant, maître de conférences en marketing/communication dans les universités, la faute incombe à la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy).

"Puisque les régisseurs agréés versent les frais de voirie à la Cuy, il revient à la Cuy de défaire les affiches et les banderoles qui traînent. Donc, le régisseur n'est plus appelé à faire ce travail là", soutient ce dernier. Un avis battu en brèche à la Cuy. "Ce sont les régisseurs qui posent et qui enlèvent, puisque ce sont eux qui savent combien l'annonceur a payé et pour combien de temps", assure Arnauld Philippe Ndzana, directeur des services techniques de la Cuy. Soulignant au passage que la Cuy a eu à procéder elle-même à l'enlèvement de certaines "banderoles anarchiques pour la sécurité des populations". Pour masquer cet état des choses, certaines mesures alternatives sont néanmoins prises.

C'est ainsi que certaines affiches sont déchirées. Ce qui ne va pas sans créer un autre problème de visu. "Lorsque le temps d'affichage est échu, le régisseur doit pouvoir voiler cette affiche", propose Paul Mefire. "La loi ne peut pas aller jusqu'à être explicite en termes de délai. Je crois que la loi a fait une segmentation : il y a le Mincom (ministère de la Communication, Ndlr) qui doit prendre ses responsabilité, les communes urbaines, et les mairies aussi", conclut Patrice Mbianda, invitant le délégué du gouvernement auprès de la Cuy à être plus "regardant" dans ce sens.

Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232423840.php

jeudi 27 novembre 2008

Publicité : Tsimi Evouna nargue le gouvernement


Le super maire de Yaoundé conteste une instruction du Premier ministre sur l'affichage.
Le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) mérite-t-il le sobriquet de Jack Bauer que l'opinion lui a collé, au regard de son courage qualifié de "suicidaire"? Après plusieurs conflits dont le dernier, évoqué sur nos colonnes hier et l'opposant à l'agence de régulation des marchés publics (Armp), Gilbert Tsimi Evouna refait parler de lui en remettant en question une instruction du Premier ministre. Instruction signée le 1er novembre en cours et relative à "ce qui s'apparente à un conflit de compétence persistant entre les collectivités territoriales décentralisées et la société Cameroon Publi-Expansion (Cpe)", au sujet de l'affichage publicitaire en milieu urbain.

"Toute implantation de panneau publicitaire à l'intérieur du périmètre de la Communauté urbaine de Yaoundé doit, au préalable, obtenir l'accord du délégué du gouvernement", tranche Gilbert Tsimi Evouna dans un communiqué publié mardi soir. Le délégué du gouvernement auprès de la Cuy menace quasiment: "Et tout panneau installé anarchiquement sera démonté par les services de la Cuy". Le 14 novembre dernier, à la suite d'une instruction du Premier ministre exigeant que la convention entre le Mindaf et Cpe soit respectée et que "sont nulles et de nul effet les conventions éventuellement signées entre les communautés urbaines et les régies d'affichage publicitaire empiétant sur les espaces concédés à Cpe", le délégué du gouvernement avait demandé aux régisseurs de continuer à vaquer à leurs activités, en attendant que le comité interministériel siège alors que Cpe voulait exécuter sa convention signée avec le Mindaf.

La convention du 4 octobre 2006 prévoit que Cpe assure la régie exclusive et le droit exclusif d'exploitation de l'affichage publicitaire sur l'emprise de l'ensemble des routes nationales, provinciales et départementales. Mais, à la Cuy, on estime que Cpe ne fait pas partie des régisseurs de publicité agréés à exercer dans le périmètre urbain. "Toute intervention de la Cpe à l`intérieur de la ville de Yaoundé est illégale", pense Gilbert Tsimi Evouna, qui rappelle aux annonceurs que, "indépendamment de la régulation foncière et du régisseur dont ils se réclament, la publicité dans le périmètre urbain est régie par la réglementation urbaine". Même si le Premier ministre Inoni Ephraim équilibre dans la même instruction en mentionnant que "l'exclusivité ne concerne pas les emprises des voiries urbaines", le conflit persiste.

Car, selon certains documents, Cpe et les régisseurs agréés se crêpent le chignon en envoyant aux mêmes annonceurs les mêmes factures. Face au flou spatial précisément, le Premier ministre a demandé au ministre des Travaux publics de procéder à la matérialisation des tronçons des routes dans l'ensemble des centres urbains du territoire national. Quant aux missions de Cpe, le Mindaf a opportunément rappelé que la redevance domaniale est perçue par son ministère, représenté par Cpe. A cet effet, Yves Armand de Ngankou, régisseur, estime que le communiqué du délégué du gouvernement vient à point car, "Cpe outrepasse ses missions en allant au-delà de la perception de la redevance domaniale". En attendant que le ministère des Travaux publics délimite les zones de compétences et que les missions de Cpe soient comprises de toutes les parties, le Mindaf a conseillé une concertation entre Cpe et les régisseurs.

Justin Blaise Akono

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227797921.php

mardi 25 novembre 2008

Point com : Une nécessaire mutation

(…) Une réflexion est indispensable afin de refonder les télévisions publiques et de leur redonner leur vraie place dans le paysage audiovisuel diversifié que nous connaissons aujourd'hui.
Les usages audiovisuels sont en mutation, les téléspectateurs n'ont donc plus avec la télévision publique les mêmes liens que lorsqu'elle constituait l'unique média audiovisuel auquel ils avaient accès.

(…) Ailleurs, les réflexions engagées ont insisté sur la nécessité pour la télévision publique de s'investir pleinement dans trois directions :
- d'une part, le développement de nouveaux usages de l'image et des nouveaux accès à l'image dont elle ne doit pas être absente si elle veut prolonger son rôle auprès des jeunes générations. Si les jeunes générations ne s'informent plus auprès des médias publics, il y a potentiellement crise de leur représentativité. Cela veut dire qu'elles ne répondent plus au besoin social qu'elles sont censées combler…
- d'autre part la prise en compte des publics qui, aujourd'hui, se détournent d'elle. Si toutes les classes de la société ne se retrouvent pas dans le public des télévisions publiques, cela veut dire qu'elles échoueront à jouer leur rôle de lien social et que d'autres médias fédèreront la population autour d'autres principes ou d'autres valeurs…

- troisième direction de réflexion essentielle, une télévision publique forte est un des piliers d'un " modèle audiovisuel " équilibré. Les marchés anglais, allemands et français sont là pour le prouver : une économie audiovisuelle est un tout, et les marchés nationaux sont trop étroits pour appuyer à eux seuls une production dynamique et diversifiée. Cela veut dire qu'il n'est pas dans l'intérêt des groupes privés de voir la télévision publique paupérisée, parce qu'ils subiraient alors rapidement le contrecoup de l'affaiblissement du secteur de la production nationale dans son ensemble. Cela veut dire surtout qu'il est d'intérêt public d'accorder plus de financement à la télévision publique pour lui permettre de jouer son rôle de poumon de la production nationale, de donner de l'oxygène aux créateurs audiovisuels qui donnent corps, dans les sociétés contemporaines, à nos identités culturelles diverses.

(…) Les télévisions publiques ont besoin, en Afrique comme partout dans le monde, d'une réaffirmation par le politique de leur légitimité et de leur indépendance. La tentation systématique du monde politique, toutes couleurs confondues, est de croire que la solution réside dans un contrôle plus étroit des responsables qui sont en charge de mettre en œuvre les orientations retenues. Il faut lutter contre ces méthodes qui ne répondent plus aux attentes médiatiques du monde d'aujourd'hui e risquent de décrédibiliser les médias publics.

Il ne faut pas confondre les fonctions : une entreprise publique n'est pas une administration ; les choix qu'elle fait sont des choix économiques et éditoriaux au jour le jour, elle doit en rester maîtresse. Lorsque les organisateurs de Sefor 2008 nous invitent à nous interroger sur les modes de gouvernance, ils doivent précisément s'intéresser à cet aspect fondamental des médias publics modernes : ils doivent être gérés en toute indépendance, et leurs dirigeants doivent être des entrepreneurs, attachés à mettre en œuvre leur développement en se projetant dans l'avenir, non en gérant un budget.
(…) En matière de télévision comme dans tous les autres domaines économiques, il faut responsabiliser les acteurs, en leur fixant des objectifs clairs, non les déresponsabiliser en entravant leur action par des tutelles qui pèsent sur eux.

Les médias publics ont donc, désormais, une responsabilité nouvelle : adapter leurs méthodes, leurs programmes, leurs modes de diffusion, donc leurs principes de gestion et de management, pour continuer à remplir au mieux le rôle fédérateur, pédagogique, démocratique et culturel qui leur est imparti. Mieux financés, de manière novatrice peut-être, ils doivent être les principaux ressorts de l'adaptation d'une offre médiatique de qualité aux nouvelles attentes des téléspectateurs. C'est un enjeu de vitalité culturelle dans un espace de communication mondialisé. Eux seuls, dans beaucoup de pays, sont capables d'en assumer la charge. Encore faut-il qu'ils en aient la volonté, et qu'on leur en donne les moyens!

Par Hervé Bourges

Ancien directeur de l'Esijy, ancien président de l'Upf,
de Rfi, de France télévisions
(1) Extrait de son allocution prononcée à Yaoundé
à l'ouverture du Sefor 2008

Les journalistes critiquent leurs sources

Un débat organisé par le club "Médiations" a regroupé un important panel de pratiquants à Douala.
Les journalistes de plusieurs organes de presse se sont rassemblés vendredi, 21 novembre dernier au restaurant la Kora à Akwa (Douala), pour débattre de la gestion des sources d'information. Cette réflexion portait sur le thème "Le journaliste et ses sources : comment rester professionnel". "Au regard des nombreux dérapages observés dans le traitement des faits ayant défrayé la chronique ces derniers temps, nous avons jugé opportun de nous attarder sur le sujet", explique Marion Obam, présidente de l'association "Médiations". Ainsi, sous l'éclairage des journalistes expérimentés tels que Etienne Tassé, directeur de l'agence de presse Jade Syfia Cameroun, et Raoul Lebogo Ndongo, directeur régional Littoral et Sud-ouest de la Société de presse et d'édition du Cameroun (Sopecam), les invités se sont prêtés à l'autocritique.

Il ressort de l'intervention d'Etienne Tasse, par exemple, que "l'information ne vaut que ce que vaut sa source". Ce dernier a par ailleurs insisté sur les critères d'une source. Celle-ci, dit-il, doit être fiable, c'est-à-dire qu'elle doit maîtriser le sujet auquel le soumet le journaliste. Hormis la fiabilité, la source doit être crédible, donc à même de fournir une réponse juste, poursuit-il. Une illustration pour mieux étayer la démonstration. "Sur l'évolution des prix sur le marché, par exemple, la source la plus indiquée est la ménagère et non le ministre du Commerce", rappelle M. Tasse. Lequel relève que les sources doivent être clairement identifiés. Bien qu'il reconnaisse le devoir impérieux du journalistes à protéger ses sources, Etienne Tasse fustige l'usage récurrent des formules telles que : "de source généralement informées, des sources bien introduites ou proche de l'affaire". A force de les utiliser, ces termes décrédibilisent l'article et par ricochet son auteur, croit-il.

Polémique
Quant à Raoul Lebogo Ndongo, il s'est longuement étendu sur les notions de "recoupement" de l'information. Des concepts qui, selon lui, sont indispensables pour obtenir "l'Information". On retient ainsi de ses propos que le recoupement sous-tend la diversification des personnes ressources, et la vérification nécessite une descente sur le terrain afin de recueillir les détails proches de la réalité. Raoul Lebogo Ndongo a donc exhorté ses confrères à plus de vigilance et de froideur quant au traitement de l'information. A son sens, cette prescription amoindrirait les risques de manipulation. "Le journaliste prend généralement pour argent comptant ce que lui dit le premier venu", déplore-t-il.

Sur les raisons pouvant expliquer les travers constatés dans les médias, les avis des journalistes et autres observateurs sont nombreux. Selon Louison Njoh Mbongue, proviseur du Lycée Joss et par ailleurs observateur averti de l'univers médiatique au Cameroun, le problème ne se situe pas seulement au niveau de la source, car la source seule ne fait pas l'information. D'après lui, le manque de compétence et de spécialisation des hommes de médias fausserait leur analyse. "Les impératifs de temps et les moyens limités n'empiètent-ils pas le travail du journaliste" ? s'interroge par ailleurs Jean Baptiste Ketchateng, journaliste à Mutations.

01h 30 n'ont visiblement pas suffi pour aborder tous les contours du thème de cette soirée. Toutefois, Marion Obam précise que "C'était l'acte I d'une réflexion qui va se poursuivre lors d'un colloque". Le club Médiations regroupe les journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision exerçant principalement à Douala. L'organisation d'un colloque et la prochaine édition des Mediations Press Trophies, la cérémonie qui récompense les meilleurs travaux des journalistes francophones et anglophones, sont parmi les prochains chantiers de l'association.

Monique Ngo Mayag

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227612231.php