mardi 25 novembre 2008

Les journalistes critiquent leurs sources

Un débat organisé par le club "Médiations" a regroupé un important panel de pratiquants à Douala.
Les journalistes de plusieurs organes de presse se sont rassemblés vendredi, 21 novembre dernier au restaurant la Kora à Akwa (Douala), pour débattre de la gestion des sources d'information. Cette réflexion portait sur le thème "Le journaliste et ses sources : comment rester professionnel". "Au regard des nombreux dérapages observés dans le traitement des faits ayant défrayé la chronique ces derniers temps, nous avons jugé opportun de nous attarder sur le sujet", explique Marion Obam, présidente de l'association "Médiations". Ainsi, sous l'éclairage des journalistes expérimentés tels que Etienne Tassé, directeur de l'agence de presse Jade Syfia Cameroun, et Raoul Lebogo Ndongo, directeur régional Littoral et Sud-ouest de la Société de presse et d'édition du Cameroun (Sopecam), les invités se sont prêtés à l'autocritique.

Il ressort de l'intervention d'Etienne Tasse, par exemple, que "l'information ne vaut que ce que vaut sa source". Ce dernier a par ailleurs insisté sur les critères d'une source. Celle-ci, dit-il, doit être fiable, c'est-à-dire qu'elle doit maîtriser le sujet auquel le soumet le journaliste. Hormis la fiabilité, la source doit être crédible, donc à même de fournir une réponse juste, poursuit-il. Une illustration pour mieux étayer la démonstration. "Sur l'évolution des prix sur le marché, par exemple, la source la plus indiquée est la ménagère et non le ministre du Commerce", rappelle M. Tasse. Lequel relève que les sources doivent être clairement identifiés. Bien qu'il reconnaisse le devoir impérieux du journalistes à protéger ses sources, Etienne Tasse fustige l'usage récurrent des formules telles que : "de source généralement informées, des sources bien introduites ou proche de l'affaire". A force de les utiliser, ces termes décrédibilisent l'article et par ricochet son auteur, croit-il.

Polémique
Quant à Raoul Lebogo Ndongo, il s'est longuement étendu sur les notions de "recoupement" de l'information. Des concepts qui, selon lui, sont indispensables pour obtenir "l'Information". On retient ainsi de ses propos que le recoupement sous-tend la diversification des personnes ressources, et la vérification nécessite une descente sur le terrain afin de recueillir les détails proches de la réalité. Raoul Lebogo Ndongo a donc exhorté ses confrères à plus de vigilance et de froideur quant au traitement de l'information. A son sens, cette prescription amoindrirait les risques de manipulation. "Le journaliste prend généralement pour argent comptant ce que lui dit le premier venu", déplore-t-il.

Sur les raisons pouvant expliquer les travers constatés dans les médias, les avis des journalistes et autres observateurs sont nombreux. Selon Louison Njoh Mbongue, proviseur du Lycée Joss et par ailleurs observateur averti de l'univers médiatique au Cameroun, le problème ne se situe pas seulement au niveau de la source, car la source seule ne fait pas l'information. D'après lui, le manque de compétence et de spécialisation des hommes de médias fausserait leur analyse. "Les impératifs de temps et les moyens limités n'empiètent-ils pas le travail du journaliste" ? s'interroge par ailleurs Jean Baptiste Ketchateng, journaliste à Mutations.

01h 30 n'ont visiblement pas suffi pour aborder tous les contours du thème de cette soirée. Toutefois, Marion Obam précise que "C'était l'acte I d'une réflexion qui va se poursuivre lors d'un colloque". Le club Médiations regroupe les journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision exerçant principalement à Douala. L'organisation d'un colloque et la prochaine édition des Mediations Press Trophies, la cérémonie qui récompense les meilleurs travaux des journalistes francophones et anglophones, sont parmi les prochains chantiers de l'association.

Monique Ngo Mayag

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227612231.php

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