jeudi 30 octobre 2008

Renc’Art : Books' and things

Il existe dans la ville Buéa, à l'entrée du campus universitaire, une maison de commerce étrange qui n'est ni tout à fait une librairie, ni même un salon de beauté, encore moins une brocante, mais un peu de toutes ces choses à la fois.
Si on en juge par son nom : Books and things, (traduction : livres et articles divers) la commercialisation du livre semble cependant avoir été au départ de ce projet. A l'entrée d'un campus universitaire, quoi de plus normal que de vendre des livres ?

Des livres en effet, il y en a chez Books and things. Mais le pittoresque ici est que vous ne trouverez que des livres d'occasion, en anglais et exclusivement d'auteurs américains. Une espèce de librairie spécialisée donc, mais où les livres sont rangés comme dans un magasin de stockage de la friperie, dans le plus grand désordre. A l'origine de ce business, témoignent quelques anciens habitués des lieux, les books (livres) étaient l'activité phare ; on les retrouvait exposés à l'entrée de la boutique avec beaucoup de soins ; les " nouveautés " étaient mises en évidence. Le magasin portait alors bien son nom : d'abord des Books ensuite des things.

Things and books
Aujourd'hui, les choses ont changé, l'important ce sont les thinks et l'accessoire, les books. En effet, toute la devanture de cet espace est désormais exclusivement occupée par des produits cosmétiques et un bric-à-brac de vieux objets de débarras, importés des USA. La boutique s'appellerait aujourd'hui Things and books que cela traduirait mieux la réalité de son achalandage et sûrement l'orientation des chiffres qui y sont réalisés. Il peut alors apparaître intéressant de savoir qui de la clientèle ou du patron de books and things a infléchi le cours de cette affaire qui, placée à l'entrée d'un campus universitaire visait sûrement à accompagner les étudiants dans leur quête du savoir selon le principe des anciens : doctus cum librum (savant avec le livre ou comme le livre). Les produits divers, cosmétiques notamment sont malheureusement devenus la principale activité de books and things, comme c'est le cas des autres boutiques alentours.

A défaut d'avoir des têtes bien faites et bien pleines, les étudiants et surtout les étudiantes se contenteront de les avoir au moins bien présentables. Sait-on jamais ? A défaut de réussir par les études, ils tireront leur épingle du jeu social en vendant leurs charmes et en se vendant à l'encan ; et pour cela les things sont plus utiles que les books. Les cybercafés même des environs des campus universitaires servent ainsi plus à la recherche de partenaires et d'opportunités d'immigration qu'à la recherche documentaire.

Doctus cum librum
Les campus universitaires de notre pays deviennent ainsi jour après jour les lieux où on lit le moins. En effet, s'ils ne disposent pas de bibliothèques personnelles dans leurs chambres, s'ils fréquentent si peu les bibliothèques (bibliothèques universitaires, bibliothèques publiques, bibliothèques des cercles et des centres de recherche, etc.), on est bien en droit de se demander où et à quel moment les étudiants de nos universités lisent. Qu'il n'y ait aucune vraie librairie dans le voisinage immédiat de tous nos campus universitaires est révélateur du niveau de culture livresque des étudiants camerounais.

En revanche, on voit bien comment ils se tiennent au courant de la mode et de tout ce qui est tendance, à la fois dans le domaine du show-biz et du sport. Pour mettre un bémol à l'enthousiasme de ceux de l'ESSTIC, l'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de la Communication de l'Université de Yaoundé II, le Pr Laurent Charles Boyomo Assala qui dirige cette institution a dû leur rappeler que, vêtus tendance, c'est-à-dire, en DVD pour les filles et en moulants et tailles basses pour les garçons, ils ne pourront plus accéder aux salles de cours de son établissement.
Mais le chemin reste long qui reconduira les étudiants camerounais sur les sentiers de leur vocation originelle : être doctus cum librum.

Par Marcelin VOUNDA ETOA*

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