jeudi 8 mai 2008

Audiovisuel : Stv, cette adulte de… trois ans

La rentrée des programmes 2007/2008 arrive quelque temps après l'octroi de la licence d'exploitation, trois ans de diffusion, mais aussi de constats pas très flatteurs.
Le 30 août 2007, Ebénézer Njoh Mouelle, alors ministre de la Communication, a remis les licences d'exploitation aux premières entreprises privées de communication audiovisuelle exerçant et ayant leur siège au Cameroun. Un sésame que les promoteurs attendaient depuis la loi d'avril 2000 portant sur la libéralisation du secteur audiovisuel. Parmi le quatuor de "privilégiés" de cette décision ministérielle, se trouve Spectrum Televsions (Stv), une chaîne composée de deux télévisions (Stv 1 avec 70% d'émissions en langue anglaise et Stv2, qui a ses 70% de programmes en français) dont les promoteurs ne sont autres que les frères Mukete, et ayant pour directeur général une grande figure de la télévision africaine, Mactar Silla, ancien directeur de Tv5 et de la Radio télévision du Sénégal (Rts). Trois années ont donc passé, depuis les premiers tests des équipements installés à l'immeuble Kassap au quartier Akwa à Douala. Et, si les responsables de cette télévision peuvent se vanter d'avoir impulsé un certain nombre de choses dans ce secteur, il n'en demeure pas moins que la chaîne a, au moins une fois, été inquiétée par l'autorité qui assure la tutelle technique.

Le 12 juillet dernier, par exemple, alors que l'on se trouvait en pleine campagne électorale au Cameroun, pour le double scrutin du 22 juillet 207, le ministre de la Communication adressait une correspondance pour interdire la diffusion de "Cartes sur table", un programme politique diffusé sur Stv 2. Dans sa note le ministre de la Communication demandait "de mettre immédiatement un terme à la diffusion de ladite émission dont les principes sont contraires à la réglementation". Une décision qui tombera dans des oreilles de sourds, puisque le lendemain, l'émission a bel et bien été diffusée. Les principes de ce programme étaient-ils vraiment contraires à la réglementation ? L'on sait, par contre, qu'aucune sanction n'a été retenue contre la chaîne. Mieux, elle se verra décerner, quelques jours plus tard, la licence d'exploitation sus mentionnée.

Programmes

En dehors de ces volets beaucoup plus administratifs, les contenus des programmes ont été accueillis avec plus ou moins de bonheur dans les ménages. Une émission comme "Good Morning Cameroon" est d'ailleurs brandie comme une fierté de la maison. Simplement parce que considérée comme le précurseur des programmes de même nature diffusés sur les chaînes nationales (Bonjour ! et Hello ! de la Crtv, Canal Matin de Canal 2 International et, tout récemment, Cadence matinale de Equinoxe Télévision). Même si le programme est le premier au Cameroun, nombre d'observateurs ont toutefois remarqué qu'il n'est que la réplique d'un autre déjà diffusé sur une chaîne au Nigeria. La même remarque est aussi valable pour l'émission de sport en langue anglaise, "On The Ball", que l'on regarde, sous le même intitulé sur Super Sport, une chaîne thématique sud-africaine. En plus de ces remarques, les avis des téléspectateurs de la chaîne ne sont pas toujours flatteurs.

"Les émissions sont souvent mal coupées, c'est-à-dire au moment où on ne s'attend pas. Ensuite, certaines émissions débutent avec des retards, et en attendant, on nous fait voir la même chose pendant longtemps", souligne une téléspectatrice, secrétaire de direction à Partec. "J'aime davantage Stv2 pour ses films nigérians", soutient une ménagère. "On s'est réjoui de l'arrivée de Stv dans le paysage de l'audiovisuel au Cameroun. D'ailleurs au départ, la télévision se démarquait par la qualité du traitement de l'information. Ce qui nous faisait sortir de ce qui nous était présenté. Mais quelque temps après, on s'est rendu compte que Stv s'est laissé influencer par les tendances observées sur les autres télévisions. Je pense que cette chaîne a aussi quitté le terrain de la proximité où on l'attendait", soutient Mathieu Njog.

Pour Bily, tenancier d'un snack bar situé à Akwa, "Stv se démarque surtout en matière de programmes de sport et de débats". Mais s'il y a quelque chose qu'il n'apprécie pas sur ces chaînes, c'est, dit-il, le mauvais agencement des programmes. A son avis, Stv1 et Stv2, qui auraient dû être complémentaires, ne le sont pas. "Concrètement, il arrive souvent qu'une série soit diffusée sur Stv 1 en anglais, au même moment qu'un autre film passe à Stv2 dans la même langue. Je pense aussi que beaucoup de programmes sont trop tournés sur l'international", indique la même source. Sans nier son caractère panafricain, les responsables de la chaîne affirment que "50% des programmes quotidiens s'appuient sur un contenu produit localement et s'adressent aux publics cibles de tous les niveaux".

http://www.quotidienmutations.info

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